La Sinfonia reste l'une des partitions majeures de l'oeuvre de Berio, et même du XXe siècle. S'y trouvent combinés de nombreux éléments littéraires et musicaux, souvent sous forme d'hommage comme celui à Mahler dans la troisième partie, point culminant de la partition. Les textes utilisés sont extraits de Le Cru et le cuit de Claude Lévi-Strauss, de L'Innommable de Samuel Beckett, de phrases prononcées par des étudiants de Harvard, de slogans de mai 1968 à Paris ou encore d'oeuvres de Joyce. Les références musicales ne manquent pas non plus : Mahler donc mais aussi Bach, Schönberg, Debussy, Ravel, Richard Strauss, Berlioz, Brahms, Berg, Hindemith, Beethoven, Wagner, Stravinski ainsi que des contemporains comme Boulez, Pousseur, Globokar, Stockhausen ou Berio lui-même, ce qu'il justifie ainsi : "Citations et références ont été choisies en fontion non seulement de leurs rapports réels mais aussi de leurs rapports potentiels avec Mahler, (qui) est ici pour la totalité de la musique ce que Beckett est pour le texte". Cette Sinfonia est une partition de première grandeur, violente, parfois aux limites du délire, qui sait également ménager des instants de la plus profonde poésie et d'émotion aiguë. Ecrite pour le New York Philarmonic Orchestra et le groupe vocal des Swingle Singers. Dédiée à Leonard Bernstein. La première version en 4 parties a été composée en 1968, la seconde version en 5 parties en 1969.
Sur la création de l'oeuvre
Créée dans sa version en 4 parties en 1968 à New York sous la direction de Berio, puis le 4 avril 1969 au Festival de Royan, et dans sa version en 5 parties en 1969 à Donaueschingen sous la direction d'Ernest Bour.
